Sur Santäl, les vents sont tels qu’ils arrachent les cercueils hors de terre et balayent les rues de tout ce qui les occupe. Sans un solide abri, c’est la mort assurée dès la première bourrasque. L’héroïne de ce roman, Nathalie est une jeune fugueuse accompagnée d’un dobermann, isolée dans la ville d’Almoha (déjà entendu ce nom, tiens…), au milieu de centaines d’autres errants. Une ville dont il va lui falloir comprendre les coutumes, croyances et particularités, comme celles de cet opéra dont les musiciens ont le pouvoir, en jouant de leurs instruments, d’apaiser la douleur. Mais peut-être cette ville n’est-elle qu’un masque sur une réalité bien pire que l’apparence…

L’un des chefs-d’oeuvre de la SF Brussolienne, qui souffre du même défaut que Ce qui mordait le ciel : Le lecteur néophyte aura d’emblée du mal à se prendre au jeu de la description complète d’une ville uniquement préoccupée des ouragans, laquelle prend près de la moitié du livre ! On cherche en vain l’histoire et le rôle des personnages, sans voir la qualité des évocations baroques et démentes de ce monde agonisant, écrit dans un style excellent, ce qui est d’ailleurs loin d’être une surprise. En revanche n’importe quel lecteur sera scotché par l’intrigue qui compose l’autre moitié du livre, ainsi que la puissance de ces personnages que l’auteur, comme toujours, a voulu impuissants et désabusés, victimes d’un monde aux règles cruelles dans lequel on recherche desespérément une voie de salut.

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