Oap Täo, contrebandier, est envoyé à la recherche des Oiseaux de Lumière, phénomène spatial inexpliqué et éblouissant. Poursuivi par les policiers de service, secouru par Frieda, avec qui une relation complexe s’engage, on pense partir pour une aventure de longue haliene, une course-poursuite effrénée… Une fois réussi à rentrer dans le récit, ce que ne facilite pas le style de l’auteur intrinsèquement correct mais pourvu de défauts horripilants (usage inadapté de la vulgarité, points de suspension après chaque métaphore, abus du présent, dans l’ordre croissant de ce qui agace le lecteur), on se retrouve, malgré la pauvreté consternante de l’univers, complètement captivé par le récit. On atteint les alentours de la page 180 sans même s’en être aperçu, trop plongé dans l’histoire.

Puis là, subitement, c’est la déroute la plus complète. La course-poursuite est complètement zappée par l’auteur (maladroitement, en plus), et le personnage stéréotypé mais fort agréable de Oap Täo perd toute consistance, laissant la place à la relation homosexuelle entre l’héroïne et une femme bizarre, sur laquelle l’auteur s’appesantit complaisamment, et ce jusqu’aux derniers chapitres des « Oiseaux de Lumière » (qui compte tout de même 370 pages), alors même qu’elle ne présente pas le plus petit intérêt. Certains dithyrambes et la formidable quatrième de couverture nous parlent de « fable sur le respect de l’autre » : je me marre doucement en m’esclaffant bruyamment.
Quant à l’intrigue, il n’y en a plus, juste une succession sans queue ni tête d’aventures de « sf à papa » toutes plus pénibles à lire les unes que les autres, au cours desquelles on ne peut que prier pour que le calvaire finisse rapidement, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Et ne comptez pas sur la fin pour sauver la seconde moitié du récit.
Au sujet de l’univers et surtout de sa description : on croirait lire une succession d’articles d’astronomie, en plus ennuyeux. Et que je te donne la composition chimique de l’atmosphère, et que je te cite les distances entre les étoiles en années-lumière pour remplir mon paragraphe, et que je te cite NGC 2023031 ou je ne sais quoi… AUCUN INTERET !!!! Quant à la partie « humaine » de l’univers, on croirait une synthèse des archétypes de space opera, typiquement française. Pour moi, la sf doit être une littérature de la nouveauté, de la découverte. Avec ce genre de romans, on change les bases du monde (vol spatial, plusieurs planètes) mais le récit en lui-même n’est qu’une aventure simpliste.

Alors, grande question ; pourquoi avoir écrit une première moitié de roman aussi fantastique, si c’était pour bâcler la fin ? Ligny avait-il un calendrier à respecter ? Avait-il épuisé ses ressources à la moitié du récit ? Si le roman était entièrement nul, il serait facile de le moquer, puis de le jeter à la poubelle. Mais ce n’est pas le cas. L’impression d’être passé à côté d’un bon, voire d’un grand livre… Une impression bien plus désagréable, à mon sens, que celle ressentie après la lecture d’un roman vraiment mauvais.

Note :
1/5