En 44 avant Jésus-Christ, alors que Jules César domine l’empire romain, un groupe de colons s’enfuit par la voie des mers, et échoue, après une interminable traversée, en Amérique… Quatorze siècles se sont écoulés depuis. Pour ce peuple romain, dont les terres s’étendent à travers tout un continent, il est temps de retrouver leur monde d’origine, probablement en proie à la sauvagerie ; il est temps de le reconquérir.
Après l’excellent La Lune seule le sait, mérité prix Rosny Aîné 2000, on en attendait peut-être trop de Johan Héliot. Il aurait peut-être fallu quelqu’un pour mieux le guide, pour lui enseigner la différence entre « style soutenu » et « style pompeux », cela nous aurait évité les phrases du genre « S’il avait fallu scier les branches hybrides de chaque arbre généalogique, aucune famille de la ville n’eût plus trouvé d’ombre sous les frondaisons étiques du sien propre » (sic), assez saoulantes et qui ont tendance à éjecter du roman. D’autant que des fautes de style émaillent le texte, et que les dialogues sont a contrario très faibles.
L’univers est, comme pour son précédent roman un mélange de deux genres, ici fantasy et uchronie, mais cette fois il n’y a aucun équilibre, et Reconquérants apparaît à la fois comme une histoire de fantasy bidon avec intrigue basique dans un univers juste correct, et une uchronie totalement ratée dans la mesure où l’auteur se sert de la documentation amassée sur la culture romaine, mais il aurait aussi bien pu choisir les grecs ou les mongols, ça n’aurait pas changé grand-chose pour ce que ça amène à l’histoire.
Il y a quelques bons éléments, et le style semble plus homogène dans la seconde moitié du roman, mais on n’entre jamais totalement dans le récit. Bref, à oublier.