Armand le Vampire ne sort que maintenant en France alors que dans les pays anglo-saxons il est sorti avant Vittorio le Vampire. L’histoire dĂ©marre donc Ă la Nouvelle OrlĂ©ans ; elle fait suite Ă Memnoch le DĂ©mon et Ă quelques Ă©vènements racontĂ©s dans Pandora. Lestat est dans le coma. Alors que tous croient Armand mort, il est lĂ . David Talbot est lĂ , lui aussi, l’ancien Ă©rudit du Talamasca devenu vampire, qui persuade Armand de lui dicter l’histoire de sa vie.
Les romans d’Anne Rice ont ceci de particulier que l’histoire dĂ©marre très lentement. Anne Rice prend son temps pour dĂ©crire les personnages, ce qu’ils ressentent et le dĂ©cor qui les entoure. Cependant, si dans les autres livres de la chronique des vampires ou dans la saga des sorcières Mayfair (voir SF Mag Hors SĂ©rie n°2), ces descriptions plongent le lecteur dans un univers envoĂ»tant dont il n’est pas pressĂ© de se dĂ©tacher, et si ensuite la narration s’accĂ©lère pour parvenir Ă un suspense haletant, ce n’est pas le cas d’ Armand le Vampire.
Les descriptions visuelles, faites au dĂ©triment de la cohĂ©rence et de l’intĂ©rĂŞt de l’histoire, donnent souvent envie de visiter l’Italie, d’aller admirer des tableaux, mais pas de continuer Ă lire. Comment la jeunesse d’Armand pourrait-elle nous tenir en haleine puisque Lestat nous en a dĂ©jĂ racontĂ© la substance ? Cependant, Ă chaque fois que le lecteur est tentĂ© de fermer son livre, intervient une scène comme Anne Rice sait si bien les conter, de sensualitĂ© et d’esthĂ©tisme mĂŞlĂ©s, et il continue de lire.
Aux deux tiers de l’ouvrage, Armand reprend son rĂ©cit au moment oĂą Lestat les a appelĂ©s Ă l’aide, lui et David, Ă son retour de l’Enfer. Il nous livre alors les Ă©motions qui l’ont envahi Ă la pensĂ©e que Lestat avait vu le Seigneur et bu son sang. Ce qu’Armand vĂ©cut ensuite, le sacrifice de soi qu’il fit et l’extraordinaire façon dont il survĂ©cut font enfin Ă©clater le gĂ©nie narratif d’Anne Rice. Il est seulement dommage qu’Ă part quelques scènes Ă©rotiques et quelques scènes vampiriques, il faille attendre le dernier tiers du livre pour se rĂ©galer pleinement.
Cela vaut-il le coup de « se forcer » Ă lire le dĂ©but pour pouvoir apprĂ©cier la fin ? La rĂ©ponse variera selon le lecteur. Le lecteur occasionnel risque fort d’ĂŞtre déçu par ce livre et de ne pas comprendre l’engouement suscitĂ© par Anne Rice. Le fan, l’inconditionnel enfilera le tout et restera avec l’excellente impression que lui fera la fin du roman. Il attendra avec impatience la parution en français de » Merrick » qui doit rĂ©unir le cycle des vampires et celui des sorcières Mayfair.